Bonjour à tous,
Alors, aujourd'hui il est question du frein que j'appellerai « je ne sais pas quoi dire ».
Il s'agit pour la personne en souffrance, de ne pas savoir comment exprimer clairement ce qui la fait souffrir ou de ne pas savoir tout simplement pourquoi elle souffre et de ce fait de ne pas oser franchir le pas de la thérapie.
Le raisonnement derrière ce frein peut être le suivant : comme je ne sais pas comment exprimer ce qui me fait souffrir, je ne vais pas pouvoir être soigné pour cela donc ça ne sert à rien.
Il existe certainement d'autres raisonnements associés à ce frein mais vous voyez l'idée principale : je ne serai pas traité(e) pour mon symptôme (donc ce n'est pas la peine).
On pourrait même ajouter une conséquence supposée : Ça va plutôt m'enfoncer dans la confusion car le thérapeute ne comprendra rien et me renverra que ma demande n'est pas claire donc qu'il ne peut rien pour moi.
De la même manière, il est possible de décliner cet exemple en fonction du point de fragilité qui est le nôtre. On en a tous, hein. Dans ce cas, on usera d'un mécanisme d'anticipation négative qui s'inscrit dans la projection. C'est-à-dire qu'on va projeter nos angoisses vers l'extérieur ou pour le dire autrement : on va habiller nos hypothèses avec nos propres angoisses.
Par exemple, si je fais une projection négative car je manque de confiance en moi, ça peut donner quelque chose comme ceci : comme je ne sais pas comment exprimer ce qui me fait souffrir, je ne vais pas pouvoir être soigné(e) pour cela donc ça ne sert à rien. Et en plus, ça va venir confirmer que je suis nul(le) ou pas à la hauteur car je ne sais même pas dire ce qui ne va pas chez moi. Je n'ai pas besoin que quelqu'un me le signifie, je le sais déjà. Merci bien, je vais m'épargner ça.
Encore une fois, il est possible de décliner cet exemple avec autre chose qu'un manque de confiance en soi.
Tout ça pour dire qu'en faisant cela on écrit déjà le récit de quelque chose qui ne s'est pas passé avec quelqu'un que l'on ne connaît pas. Autant dire, que l'on s'empêche de prendre rendez-vous car on construit un récit fictionnel.
Évidemment, personne n'est à l'abri que cela se produise : imaginons un stress monumental du côté du patient et un thérapeute complètement préoccupé par des soucis personnels envahissants et pas du tout attentif mais c'est extrêmement rare. Et si ça devait arriver, bon bah dans ce cas, fuyez ! Mais il faudrait vraiment jouer de malchance pour en arriver à une telle conjonction de circonstances malheureuses.
Une demande pas claire au premier rendez-vous, je n'ai pas envie de vous dire que c'est monnaie courante mais un peu quand même ! Donc pas d'inquiétudes, le psychologue est là pour ça. Quelqu'un qui ne va pas bien (et je pense que je ne vous apprends rien en vous disant que c'est la majorité des gens qui nous consultent) a beaucoup plus de chance de présenter un discours déconstruit voire confus. Le simple fait de faire une démarche thérapeutique provoque aussi parfois des émotions débordantes au moment de l'entretien. Et ça n'aide pas non plus à s'exprimer clairement.
N'oubliez pas deux éléments importants : le premier : psychologue a choisi de travailler avec des personnes en souffrance, donc il sait à quoi s'attendre : un discours décousu et des émotions au premier plan. Parce qu'il n'y a rien de naturel à faire part de son intimité à quelqu'un que l'on rencontre pour la première fois. Et ça, le psychologue le sait et à défaut d'être indulgent envers vous-même, il le sera pour vous.
Et le second : notre psyché est plus à entrevoir comme un pêle-mêle et non pas comme un algorithme qui ordonne les informations proprement. Donc rien de surprenant qu'on s'emmêle les pinceaux parfois.
Justement, le psychologue est là pour démêler la demande, vous faire part des pistes de travail qu'il entrevoit à la fin de l'entretien et si vous décider d'entreprendre ensemble cette démarche, les entretiens suivants permettront de l'affiner. Parfois, plusieurs problématiques peuvent être imbriquées et le psychologue priorisera les axes à travailler.
Entreprendre une démarche thérapeutique, c'est décider d'être accompagné(e) dans un chemin de guérison, ce qui signifie que vous n'êtes plus seul(e) pour gérer cette situation difficile.
Et pour conclure sur une note un peu plus légère, le premier rendez-vous chez un psychologue ce n'est ni un entretien d'embauche, ni un concours d'éloquence, donc pas de pression inutile !
Voilà, j'espère que cela vous aidera à lever quelques inhibitions !

Frein n°1 "Je ne sais pas quoi dire"